Un film taiwanais original au festival du cinéma asiatique de Tours : « God man Dog »…

Publié le par brigitteduzan

Le festival du cinéma asiatique de Tours 2010 aura lieu du 17 au 29 mars, mais il n’y a pas cette année beaucoup films chinois à l’affiche, outre l’inévitable Lou Ye, quelques courts métrages d’animation des studios de Shanghai et l’avant-première d’un film de Guo Xiaolu (« She, a Chinese ») dont nous reparlerons en même temps que de ses ateliers au festival du Cinéma du Réel du centre Pompidou (voir article précédent).

 

On note donc avec d’autant plus d’intérêt la programmation, le 19 mars, d’un film taiwanais sorti en 2007 (et non 2009 comme l’indique le programme du festival) : « God man Dog » (《流浪神狗人》 : littéralement, les gens, les chiens et les esprits vagabonds). Un unijambiste sillonne Taiwan pour récupérer les statuettes de divinités abandonnées, les restaurer et les préserver ; un aborigène alcoolique transporte à Taipei un chargement de pêches de première qualité ; une femme déprimée tente de sauver son mariage après la mort de son bébé ; un gamin se nourrit en gagnant des concours de mangeurs de nouilles… autant de destins qui n’ont a priori rien à voir mais dont un accident va peut-être supprimer les frontières qui les maintient séparés…

 

Le film se joue et se moque des différentes croyances religieuses de l’île, où le bouddhisme est la religion dominante, mais mâtinée de superstitions et d’un mélange coloré de pratiques populaires pas très orthodoxes. Les diverses couches sociales, dans l’île, sont tout aussi diverses, et relativement étanches, mais chacun s’y tourne de façon similaire vers la religion quand le désespoir ne lui laisse d’autre recours. L’unijambiste semble être le plus sincère, qui collectionne ses statuettes dans l’espoir de gagner suffisamment d’argent pour pouvoir se payer une nouvelle prothèse.  

 

« God man Dog » se présente comme une série de tableaux qui ne font pas vraiment un puzzle, dont on se demande au contraire comment la réalisatrice va bien pouvoir les faire coïncider pour tisser une trame narrative homogène : c’est une construction qui rappelle « Short Cuts » de Robert Altman. Mais ici, la réalisatrice rapproche ses personnages par les problèmes existentiels auxquels ils ont à faire face, et par leur recours commun à une forme ou une autre de religiosité pour ce faire. Finalement, ils sont tous sur un pied d’égalité face aux difficultés de la vie, mais seuls. En ce sens, les fils ne se rejoignent pas.

 

C’est certainement un film original, représentatif du nouveau cinéma taiwanais, mais qui se rattache comme par un clin d’œil à la génération précédente, par le choix des acteurs, anciens de Hou Hsiao Hsien (l’unijambiste) ou d’Edward Yang (le jeune mangeur de nouilles, qui n’est autre que le petit Yi Yi devenu grand). C’est le deuxième long métrage de la réalisatrice, Chen Singing (ou Chen Xinyi : 陈芯宜), après《我叫阿铭啦》, qui fut la révélation du festival de Taipei en 2000 (1).

 

« God man Dog » est sorti au festival de Pusan en 2007, était en compétition au festival des films de femmes de Créteil en 2008, et a gagné le prix des lecteurs du Tagesspiegel à la 58ème Berlinale, cette même année.  

 

Bande annonce : http://www.youtube.com/watch?v=cw4whVXjmE8&feature=related

Début du film (non sous-titré) : http://www.tudou.com/programs/view/1VA4CIk_fOg/?f=i2

 

Site du festival : http://cineasiatours.free.fr/

 

(1) Ce premier film fut aussi présenté en octobre 2000 au festival de Vancouver, et, à cette occasion, la réalisatrice fut longuement interviewée : http://www.wsws.org/articles/2000/oct2000/ints-o23.shtml

 

 



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