Hu Jie au festival Shadows : une révélation…

Publié le par brigitteduzan

Hu Jie restera certainement pour beaucoup une des révélations de ce festival : les deux documentaires présentés - « In search of Lin Zhao’s soul »  et « Though I’m gone » - sont des œuvres exceptionnelles.

 

Né en 1958, ce réalisateur spécialisé dans les documentaires, est un ancien journaliste, peintre de formation (il a fait ses études de peinture dans le collège des beaux-arts de l’armée chinoise). Il a fait ses débuts de cinéaste en 1995, en filmant une communauté d’artistes qui vivait alors une existence bohême, tolérée un temps par les autorités, dans la banlieue de Beijing, à Yuanmingyuan. Il a réalisé par la suite une dizaine de films qui traitent pour la plupart des conditions de vie à la campagne : « Remote Mountain », « By the Sea », « Folk Songs on the Plain », puis des courts métrage sur les travailleurs migrants.

 

Pour reprendre la présentation réalisée par Judith Pernin pour le festival, en 2004, il a fait la connaissance d’Ai Xiaoming qui venait de terminer « White Ribbon » (voir article précédent). Leur conception du cinéma les rapprocha et ils commencèrent à travailler ensemble, Hu Jie aidant en particulier sa collègue pour le montage de ses films. Cependant, si la démarche est similaire, la filmographie et le style sont différents : si Ai Xiaoming dénonce les abus dont sont victimes les femmes et les paysans, Hu Jie s’intéresse, lui, à la préservation de la mémoire populaire, historique et culturelle. Il a donc pour lui une distanciation des événements qui favorise la réflexion en profondeur.

 

                « In search of Lin Zhao’s soul » 寻找林昭的灵魂

 

Il s’agit en fait du sixième film de Hu Jie. Jusque là, il avait réalisé des documentaires sur des sujets sociaux d’actualité. Alors qu’il travaillait sur des courts métrages sur les travailleurs migrants, il a commencé à s’intéresser à l’histoire. C’est alors que, au cours d’une réunion avec des amis, l’un d’entre eux a laissé tomber dans le courant de la conversation que ses parents avaient été des camarades de classe de Lin Zhao. Hu Jie n’avait jamais entendu ce nom, il demanda de qui il s’agissait. On lui expliqua alors qu’elle était étudiante à l’université de Pékin dans les années 1950 et avait été arrêtée et mise en prison pour avoir écrit des articles critiquant le régime. Elle avait continué à écrire des poèmes en prison, et, comme elle n’avait pas d’encre, elle avait écrit avec son sang.

 

Frappé par cette histoire, Hu Jie commença à rassembler toute une documentation sur le sujet. Plus il avançait, plus il était fasciné par la personnalité de Lin Zhao. Cependant, il travaillait alors à l’agence Chine nouvelle, depuis un peu moins de trois ans. Un jour, son chef le fit appeler pour lui annoncer qu’il devait renoncer à son poste ; de toute évidence, il avait reçu des ordres « d’en haut ». Plutôt que d’être licencié, Hu Jie préféra démissionner… et continua ses recherches sur Lin Zhao.

 

Le résultat est un film qui restera dans les annales du cinéma chinois. Il retrace l’histoire de cette jeune étudiante, née en 1932 dans une famille « bourgeoise » de Suzhou, et qui, à dix-sept ans, trois mois avant la proclamation de la République populaire, quitta sa famille pour aller s’enrôler dans l’école de journalisme du Parti. Pendant l’été 1950, elle participa à la campagne de redistribution des terres dans les campagnes, une campagne violente qui fit quelque deux millions de mort ; elle-même fit preuve d’une extrême dureté envers les propriétaires terriens expropriés. Hu Jie a découvert des lettres dans lesquelles elle se vante d’avoir ressenti « un bonheur cruel » en entendant crier un propriétaire plongé dans une bassine d’eau glacée ou d’avoir assisté sans broncher à l’exécution d’un autre ; elle y désigne Mao comme « une étoile rouge dans son cœur ».

 

Le travail de Hu a consisté à expliquer comment une disciple aussi fervente avait pu en arriver à critiquer le Parti au point d’être arrêtée. Il a pour cela mené une enquête minutieuse et approfondie pour retrouver tous les gens de son entourage capables de l’éclairer sur cette énigme. En fait, en 1957, comme beaucoup d’intellectuels à l’époque, elle se laissa entraîner à critiquer les excès d’autoritarisme du Parti dans le cadre de la campagne des « Cent Fleurs » alors lancée par Mao, invitant les critiques pour corriger les erreurs. On ne saura jamais s’il s’agissait d’un piège délibéré, ou si Mao se retrouva sans l’avoir prévu devant une vague de polémiques incontrôlables ; ce qui est certain, c’est qu’il déclencha alors une nouvelle campagne, cette fois contre les 右派 yòupài, les « droitiers ». Lin Zhao fut condamnée. Mais elle refusa de se soumettre et fut finalement arrêtée et condamnée à trois ans de travaux forcés. En prison, elle continua à écrire, avec son sang à défaut d’encre. Elle fut finalement exécutée, à l’âge de 36 ans.

 

Le film a vraiment pris forme lorsque Hu Jie retrouva miraculeusement ces désormais fameux écrits de Lin Zhao. Il avait retrouvé un de ses anciens compagnons, bibliothécaire aujourd’hui à la retraite, un petit homme de près de ses soixante-dix ans maintenant, Gan Cui. Après la campagne « anti-droitiers », il avait été assigné avec Lin à travailler dans une bibliothèque ; ils tombèrent amoureux, mais le Parti leur refusa l’autorisation de se marier, et envoya Gan, à la place, se faire réformer dans un laogai du Xinjiang. Il y passa les vingt années suivantes, et, quand il revint à Beijing en 1979, il apprit que Lin avait été exécutée. Il s’était ensuite marié, avait eu un fils, mais il avait toujours gardé au fond du cœur son amour pour Lin.

 

Hu Jie aimait aller discuter avec le vieil homme. Un jour, environ un an après leur première rencontre, Gan finit par lui révéler un secret : il possédait une bonne partie de ce que Lin Zhao avait écrit en prison, quelque 140 000 caractères ! Après la Révolution culturelle, un officier de police avait remis les écrits à sa sœur, et il en avait finalement hérité. Et, sous les yeux éberlués de Hu Jie, il sortit d’un vieux sac Adidas bleu une liasse de papiers attachés par une ficelle et pliés dans du papier d’emballage brun : 500 pages jaunies couvertes de caractères. Hu Jie commença à lire : une lettre au Quotidien du Peuple condamnant la campagne « anti-droitiers » et accusant le Parti d’avoir honteusement profité de l’idéalisme de sa génération ; elle décrivait aussi les mauvais traitements subis en prison, et comment elle s’était mise à écrire avec son sang quand les autorités de la prison lui avaient confisqué son stylo… Par la suite, ces mêmes autorités lui donnèrent du papier et un stylo pour qu’elle recopie ce qu’elle avait écrit, et ce fut utilisé contre elle.

 

Le film fait alterner, avec les citations des écrits, témoignages et documents d’archives ; la confrontation entre les deux prend souvent une connotation qui pourrait être ironique si le sujet n’était pas aussi dramatique. Car l’histoire de Lin Zhao recoupe les grandes étapes de la construction du maoïsme, et en particulier la triste période du Grand Bond en avant et la famine qui s’ensuivit. Hu Jie fait défiler les images d’archives des paysans coulant en masse l’acier dans leurs fours de fortune, organisant les cantine populaires, montant à l’assaut de pentes à défricher, et tout cela sur fond de cantate a cappella qui donne à ces images l’aspect d’un immense élan mystique, un mouvement de l’ordre du religieux scandé par les annonces victorieuses des fabuleux chiffres de production du pays. Le plus terrible est le témoignage de deux professeurs racontant la famine du début des années 60, les cris, la nuit, des gens qui mouraient, les jambes qui enflaient, premier signe d’une mort imminente… Il y a maintenant de très nombreux documents sur la famine de ces années-là, on sait qu’elle a fait quelque 40 millions de morts. Mais jamais on n’en avait parlé de la sorte au cinéma. Et dans ce contexte, l’attitude de contestation sans rémission de Lin Zhao en fait presque une sainte.

 

Certaines séquences sont particulièrement poignantes. Celle, par exemple, où l’un de ses anciens amis, Zhang Yuanxun, réussit à lui rendre visite en prison. Zhang avait travaillé avec elle comme éditeur du magazine littéraire de l’université. Il était au cœur du mouvement des Cent Fleurs, mais confessa ses fautes, ce que refusa de faire Lin Zhao. Il passa les vingt-deux années suivantes dans une ferme au sud de Beijing. En sortant, il alla voir Lin Zhao. Il raconte comment, à la fin de leur court entretien, elle avait sorti un cadeau pour lui d’un petit paquet, un minuscule bateau en papier découpé, avec deux vers de Li Bai inscrits derrière, qu’il a soigneusement conservé tout au long de ces années et qu’il sort de sa poche devant la caméra, la caméra qui n’en finit pas de filmer cette petite chose qui tourne lentement autour de son fil,  et donne un léger sentiment de nausée… Ou cette brève séquence, aussi, où la sœur de Lin Zhao raconte comment sa mort a été annoncée à sa mère : un policier est tout simplement venu lui réclamer les 5 centimes qu’elle devait pour la balle qui avait exécuté sa fille…

 

Enfin, en conclusion, Hu Jie nous emmène à l’endroit où a été déposée son urne (et qu’il a découvert après de longues recherches). Et là, tout doucement, il ouvre le couvercle : à l’intérieur, la caméra découvre un morceau de papier journal tout froissé, qui laisse apparaître, une fois déplié, quelques malheureuses mèches de cheveux… Tout ce qui reste de Lin Zhao, outre ses quelques cendres.

 

Ou plutôt tout ce qui reste de sa dépouille mortelle. Car ce qu’elle nous a légué, et qui n’a pas de prix, ce sont ces textes et ces poèmes écrits avec son sang qui témoigneront à jamais d’un esprit indomptable, capable de se sacrifier pour faire évoluer les choses. C’est aussi un document littéraire qui a été analysé par un professeur venu témoigner devant la caméra : il dit que les écrits de Lin Zhao révèlent une pensée très profonde, et que ses propositions, pour beaucoup, recoupent les réformes réalisées depuis la mort de Mao. Elle dit que lutter contre une dictature ne justifie pas que l’on en crée une autre… On n’a pas fini de parler de Lin Zhao.

 

Hu Jie lui a rendu le plus bel hommage qui soit. Hommage qu’il a sciemment étendu, à travers elle, à l’esprit du peuple chinois. Car il a dit qu’il avait bien sûr voulu montrer les traitements barbares auxquels les gouvernants avaient soumis le peuple chinois dans le passé, mais qu’il avait voulu avant tout montrer de quoi celui-ci était capable dans les situations les plus difficiles, les plus tragiques.

 

Message que l’on retrouve dans le second documentaire signé de lui projeté dans le cadre du festival :

 

« Though I’m gone » 《我虽死去》

 

Le sujet de ce documentaire est encore plus tabou en Chine puisqu’il s’agit des exactions commises pendant la Révolution culturelle. Au tout début, le 5 août 1966, chauffées par les appels de Mao à la violence, des étudiantes de l’école normale supérieure de Beijing tuèrent un de leurs professeurs, Bian Zhongyun, accusée d’être une « contre-révolutionnaire révisionniste ». Mais le pire tient dans les circonstances dans lesquelles se produisit le drame : ce fut une véritable tuerie, d’une cruauté incroyable. Dans les jours précédents, Bian Zhongyun fut battue à de nombreuses reprises, à tel point que son mari lui proposa de quitter la capitale. Mais elle refusa de partir, estimant qu’elle y perdrait son honneur. Finalement, le 5 août, elle fut attaquée à coups de planches dont les clous n’avaient pas été enlevés et provoquèrent des lésions profondes ; elle fut laissée inconsciente dans les toilettes de l’école, pour être finalement transportée mourante à l’hôpital qui se trouve de l’autre côté de la route.

 

Son mari, Wang Qingyao, fut alors prévenu par téléphone. Il partit aussitôt à l’hôpital en emmenant leurs quatre enfants. L’état du cadavre de sa femme fut un choc pour lui ; mais il décida d’agir : il alla acheter un appareil photo et photographia le corps. A partir de ce moment-là, il ne vécut plus que pour pouvoir un jour témoigner, car l’assassinat de Bian Zhongyun ne fut que le premier d’une longue série, il servit même de modèle par la suite : au cours de ce mois d’août 1966, plus de cent professeurs furent tués dans la zone ouest de Beijing… et ce n’était qu’un début.  Il a non seulement constitué toute une documentation, mais a fait de son appartement un véritable musée où sont soigneusement préservés tous les objets de la disparue. On regarde le cœur serré avec lui la photo, prise de sa chambre, de la rue qu’il surveillait anxieusement en attendant sa femme, soulagé quand il voyait sa silhouette se profiler dans le lointain… jusqu’au jour où elle ne revint pas. Pendant des années par la suite, il est resté collé à la même vitre en regardant la rue désormais vide.

 

Il a aujourd’hui 85 ans, et vit au milieu des souvenirs de ce passé qu’il n’a jamais considéré comme révolu. Il a conservé les dazibao que des gardes rouges sont venus coller dans l’appartement, en forçant la porte, avant la mort de Bian Zhongyun : ils sont toujours là, sur les murs, l’accusant d’être une sorcière, un serpent venimeux, la menaçant d’écraser sa sale tête de chien, toutes les insultes habituelles de l’époque. Il a aussi conservé tous les rapports, y compris celui qui disculpe la principale responsable, une femme qui détestait Bian Zhongyun parce qu’elle avait refusé de l’engager.

 

Le pire est pour la fin. Le vieil homme sort une valise en cuir, apparemment assez lourde, il peine à la tirer jusque vers le bord de son lit. Il l’ouvre, et étend sur le lit les vêtements que portait sa femme lorsqu’elle a été tuée. Il dit que cela fait 39 ans qu’il ne les a pas touchés ; quand il les a rangés, ils étaient encore humides, maculés de sang, de boue, d’excréments, parce que, sous les coups, à la fin, elle ne pouvait plus se retenir. Maintenant, tout est sec, le tissu a raidi de tant de boue et de sang séchés, la mort en paraît encore plus brutale. Mais ce n’est pas tout : Wang Qingyao déplie un bout de papier journal, on ne comprend pas très bien ce qu’il y a là, au départ – ce sont les morceaux de coton qu’on avait fourrés dans la bouche de Bian Zhongyun pour étouffer ses cris…

 

A ce moment-là, Hu Jie demande au vieil homme quelle était la musique préférée de sa femme. Il cite quelques chants révolutionnaires et des chants de combat dont « Dans les monts Taihang » (太行山上). Et le documentaire s’achève sur les images des objets dispersés sur le lit, accompagnés de ce chant : le soleil rouge…

 

Seules deux personne ont accepté de venir témoigner : un autre professeur qui avait été assigné à l’époque au nettoyage des toilettes, et qui raconte ce qu’il a vu – la sauvagerie des étudiantes, une sauvagerie que personne n’arrive à s’expliquer encore aujourd’hui, y compris la directrice de l’école, le deuxième témoin à apparaître dans le film.

 

Des étudiantes, aucune n’a voulu parler. Cette école normale était une université pour les filles de l’élite du Parti. Certaines étaient les filles, les nièces ou les petites filles de membres du Bureau politique dont certains sont encore révérés aujourd’hui. Il y avait par exemple Deng Rong, fille de Deng Xiaoping, et Liu Tingting, fille de l’ex-président Liu Shaoqi. Certains membres de ces familles furent eux-mêmes persécutés plus tard par les gardes rouges : lorsque Deng fut évincé, son fils Deng Pufang fut forcé à sauter d’une fenêtre, du haut d’un immeuble, il est resté paraplégique ; Liu Shaoqi est mort en prison, en 1969, dans des conditions très pénibles. On comprend que le Parti maintienne le silence sur cette période.

 

Le documentaire fait très brièvement apparaître un extrait d’un film d’archive montrant l’une des élèves de l’école, Song Binbin, fille d’un haut responsable du Parti, lors d’un de ces grands meetings de gardes rouges rassemblés par Mao pour lancer sa campagne. Elle est à côté de Mao, au milieu de la foule, et lui passe au bras un brassard de garde rouge. Mao lui demande alors son nom : « Song Binbin » répond-elle d’une voix claire et enthousiaste. « Binbin ? » répond Mao » ça ne va pas [NB 彬彬 bīnbīn signifie poli, bien élevé], désormais tu vas t’appeler Yaowu. » [要武 yāowǔ qui incite à la violence]. La scène est tellement brève qu’elle risque passer inaperçue si l’on ne fait pas attention, et pourtant tout est dit dans ces quelques secondes (1)……

 

On sort un peu sonné de la salle de projection. Dehors, le soleil fait mal aux yeux. On prend lentement le chemin du retour en longeant la Seine. Dans ce quartier en pleine restructuration, les quais ont été aménagés en promenade, des bateaux-guinguettes y sont amarrés. En ce superbe dimanche d’automne, les promeneurs sont légion, les gamins et les chiens courent un peu partout. On regarde tout ce monde de loin, un peu déphasé. On sent comme un poids, brusquement, sur les épaules, comme si ce vieux monsieur si digne nous avait transféré un peu du poids de ses souvenirs, ces souvenirs si lourds obstinément préservés pendant quarante longues années, dans le seul espoir de pouvoir un jour dire au monde : regardez, c’est ainsi que cela s’est passé…

 

 

(1) Song Binbin alias Yaowu travaille aujourd’hui aux Etats-Unis, dans un centre de recherche sur l’environnement à Boston. Elle a refusé de répondre à Hu Jie, mais, interrogée lors de la réalisation d’un documentaire américain sur la Révolution culturelle, elle a déclaré qu’elle n’avait pas participé au meurtre de son professeur et qu’elle avait toujours été opposée à la violence.

 

 

                En guise d’épilogue optimiste, malgré tout…

 

Avec ces deux documentaires, Hu Jie a apporté une contribution inestimable à la mémoire historique de son pays. On n’en revient pas de le voir là, devant nous, nous parler calmement des problèmes qu’il a rencontrés, des tribulations qui furent les siennes au long de ces cinq années de recherche et de travail.

 

En y réfléchissant – et au risque de paraître iconoclaste aux yeux de beaucoup - il y a peut-être dans son histoire, dans le fait qu’il soit là, tout simplement, une sorte de message d’espoir pour tous ceux qui désespèrent de l’évolution du système politique chinois.

 

Hu est devenu une personnalité respectée en Chine, aujourd’hui : son œuvre commence à être connue grâce aux projections réalisées dans des musées ou dans des universités, avec le soutien de certains professeurs. Ce qui devait arriver arriva : des agents de la sécurité d’Etat frappèrent un jour à sa porte, après une projection du film sur Lin Zhao. Mais ils lui déclarèrent n’être venus que pour parler avec lui. Ils commencèrent par lui demander pourquoi ses films étaient toujours aussi négatifs. Ne pouvait-il pas faire un film positif sur la Chine ? Hu répondit que, pour lui, la mission d’un cinéaste était d’observer la société de manière critique, et que la télévision nationale avait déjà suffisamment de documentaires « positifs ». Mais les agents insistèrent : et vous ne pensez pas qu’il y a quand même eu des progrès depuis l’époque de Lin Zhao ? Bien sûr, répondit Hu, qu’il y a eu des progrès : si j’avais fait un film comme ça sous Mao, j’aurais été fusillé ; si je l’avais fait il y a une dizaine d’années, j’aurais été arrêté. Et aujourd’hui, vous venez frapper à ma porte, et nous pouvons discuter amicalement.

 

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A noter : on trouve sur YouTube le film sur Lin Zhao, découpé en 11 parties :

Part 1 :  http://fr.youtube.com/watch?v=rWqJUFEp4-g&feature=related

Part 4 : http://fr.youtube.com/watch?v=yJpxMxmk2xw&feature=related

Part 5 : http://fr.youtube.com/watch?v=Bt2GQPX4m2M&feature=related

Part 6 : http://fr.youtube.com/watch?v=IJJBxvx1VDY&feature=related

Part 7 : http://fr.youtube.com/watch?v=cqf1cLcUPPg&feature=related

Part 10 : http://fr.youtube.com/watch?v=XtNus5ME77U&feature=related

Part 11 : http://fr.youtube.com/watch?v=uFA7CpeAa6Q&feature=related

 

 

 



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