Festival Shadows 2008 – dédié au cinéma indépendant chinois - du 10 au 19 octobre

Publié le par brigitteduzan

Créé et organisé par l'association Arsinica (1), il s’agit d’un festival biennal dont c’est cette année la deuxième édition. Il propose une sélection de films récents de genres très différents – documentaire, fiction, vidéo et animation – qui reflètent la grande diversité du cinéma indépendant chinois.

Il a lieu aux Voûtes, 19 rue des Frigos, Paris 13ème (métro Bibliothèque).

 

Les grandes lignes du programme, telles qu'elles figurent sur le site du festival, sont les suivantes :

 

A. Pleins feux sur trois réalisateurs de pointe dans leurs domaines respectifs :

 

1. AI Xiaoming et HU Jie pour le documentaire.
La première est une universitaire spécialiste de littérature et de droit dont les films abordent des problèmes juridiques et féministes ; le second, un ancien journaliste, peintre et réalisateur indépendant depuis les années 1990. Ils se sont rencontrés en 2001 et leur collaboration a donné des œuvres unies par une même démarche d'investigation, mais portant sur des temporalités différentes : l'actualité pour Ai Xiaoming, le passé pour Hu Jie, dont les derniers films traitent de périodes historiques controversées.

 

2. SUN Xun et son « Pi Animation Studio » pour le cinéma d’animation.
Sun Xun a créé une série d'œuvres à l'univers onirique et apocalyptique. Les dix court-métrages présentés dans le cadre du festival, fruit de quatre années de travail, traitent de l'Histoire, de sa construction et de son interprétation.

 

B. Carte blanche à Yunfest, festival de documentaires du Yunnan.
Créé à Kunming en 2003, Yunfest est aussi un festival biennal. Sont présentées ici onze oeuvres marquantes de ses trois précédentes éditions. Comme pour l’édition 2006, le festival prévoit de nombreuses discussions et rencontres avec des spécialistes du cinéma et de la Chine, autant d'occasions d'échanges entre universitaires, spectateurs, cinéastes et étudiants.

 

C. Programmation

 

1) Sélection Documentaire : 

 

-  Crime and punishment, de Zhao Liang (2007)

A la frontière de la Corée, de jeunes soldats, dans un paysage glacé, sont chargés de faire respecter la loi dans les villages des alentours. Ils sont confrontés à de petits malfrats qui tentent de marchander leurs punitions. Au delà des anecdotes criminelles, menus larcins et de crimes dérisoires, Zhao Liang montre l’effet de la loi sur l’homme, la façon dont elle agit de manière presque plastique sur les corps. En plans rapprochés, la caméra sonde les visages , montre comment la culpabilité marque un homme, déforme ses traits, comment l’orgueil et la mauvaise foi cherchent à effacer les traces d’humiliation et comment il suffit d’une gifle ou d’une insulte pour faire perdre son assurance aux uns ou aux autres - militaires et “criminels” finissant par se confondre.

 

- Dream in an empty castle, de Ji Dan (2008)

Zhao Jinzhang a 90 ans et il rêve. Couché sur un lit d’hospice, il se souvient de la guerre civile et de son fils, dévoré par un chien. Il récite des airs d’opéra à son oreiller et s’imagine en gouverneur d’Etats révolus. Mais sa fortune disparaît soudain entre les draps. Retour au présent, à un corps dont le contrôle lui échappe même si sa mémoire reste vive, dans cette chambre où les murmures du voisin accompagnent sa pensée d’une sorte de trame musicale. Ses souvenirs et ses divagations, ses discussions avec l’infirmière et ses confessions à la caméra tracent une histoire où la réalité et le fantasme se côtoient, où le regard est aussi expressif que les mots.

 

- Sister, de Hu Xinyu (2007)

Hu Xinyu met beaucoup de lui-même dans ses films... Son précédent documentaire, The Man, (présenté dans la Carte blanche à Yunfest) montrait sa vie de célibataire et celle de ses amis. Dans Sister, c’est sa sœur qui est au centre du film. Elle vit aux Etats Unis avec son nouveau mari américain et se prépare à accueillir sa fille Jin Di, née d’un premier mariage chinois. A l’occasion d’une visite, Hu Xinyu filme non sans perversité cette famille reconstituée, avec ses problèmes relationnels et affectifs.
Hu Xinyu signe là un film qui se joue des codes du cinéma et attribue une place inédite au réalisateur, à la fois dans le champ et hors champ.

 

- Taxi, de Fan Jian (2008)

Avec sa caméra cachée à l’arrière d’un taxi pékinois, Fan Jian surprend les conversations quotidiennes entre chauffeur et passagers. Dans l’espace exigu de la voiture, les clients livrent leurs secrets, leurs espoirs, leurs conjectures sur l’avenir, prodiguent des conseils au chauffeur. Désinhibés par la proximité physique et l’anonymat, les protagonistes sèment plaisanteries et bons mots au cours des trajets, et nous donnent un aperçu de la mentalité des habitants de la capitale.

- The other shore, de Zhou Yu (2008)

Le fleuve Jaune est un symbole de la nation chinoise, mais, dans les environs de Lanzhou, ses eaux charrient aussi des cadavres, qu’un brave homme récupère à titre gracieux depuis les années 1960 ; après les réformes économiques, cependant, un groupe s’est formé pour effectuer le même travail, rémunéré cette fois. A partir de ce thème insolite, le film retrace l’évolution de la société dans la Chine communiste.
 
- Transition, de Wang Yang (2008)

Dans la banlieue de Xi’an, bâti sur le terrain d’anciennes communes rurales, un nouveau quartier universitaire en fin de construction, mêlant infrastructures académiques, habitations et lieux de loisir, est filmé au moment où il entre en activité. A moitié vides, occupés seulement par les ouvriers qui terminent les travaux, ces lieux publics dégagent une impression d’ordre vite bouleversé par l’irruption des nouveaux habitants.

 
- 798, de Shen Xiaomin (2006)

Autrefois zone industrielle florissante de la banlieue de Pékin, 798 (mieux connu sous le nom de Dashanzi) a été réhabilitée depuis une dizaine d’année pour former un vaste complexe de galeries, d’ateliers d’artistes, de musées privés et de bars, qui côtoient quelques usines encore en activité. Shen Xiaomin a filmé depuis 2002 la vie de cet endroit hétérogène, avec toutes les contradictions qui l’animent. De quoi éclairer le fonctionnement de l’art contemporain chinois et ses enjeux, voire le désacraliser.

 
                               
2) Sélection Fiction :

 

- Mid-afternoon barks, de Zhang Yuedong (2007)

Un berger et un inconnu font connaissance par hasard dans un village, autour d’une bouteille d’alcool. Le soir tombé, on les informe qu’ils ne pourront passer la nuit à l’auberge qu’après avoir planté un poteau dans le champ à côté. C’est la règle. Le lendemain matin, plus trace du poteau : les deux hommes se demandent s’ils ont rêvé...
Par la suite, deux autres histoires plus ou moins absurdes s’articulent autour de ces deux personnages, dans un passage constant entre songe et réalité.

 

- Bif fog, de Han Tao (2007)

Trois histoires s’entrecroisent dans ce film : le suicide d’un travailleur migrant, les errances d’un intellectuel à la recherche d’un livre disparu et la convalescence d’un homme qui soigne de mystérieuses blessures à l’hôpital. Noyé dans une atmosphère mélancolique et absurde, traversé de scènes cocasses, ce film est animé d’une violence sourde qui est le véritable lien entre les trois récits.

3) Sélection Art-Vidéo :

- A bridge blown-up, de Zhong Chen (2008-4’)

Dans cette vidéo extraite d’une série sur les destructions liées aux travaux du barrage des Trois Gorges, Chen Zhong imprime un traitement expérimental au dynamitage d’un pont.

- Understand, de Wu Qiuyan (2008 -3’)

Par un jeu de lumières rases et de vibrations, Wu Qiuyan modifie la perception d’une statue bouddhique.

- The explosion is a voice at time a generation hear, de Huang Xiaopeng (5’)

Sur le plan unique d’une rue traditionnelle chinoise, une musique hip hop au ralenti modèle la marche de la foule. Les paroles incongrues qui s’impriment en bas de l’écran sont le résultat de traductions effectuées grâce à un logiciel de traduction automatique, et semblent inviter le spectateur à participer à un karaoké saugrenu.

- Heres and theres, de Zhang Yi (2006 - 19’)

Dans cette vidéo-documentaire en trois parties, l’espace est découpé en fragments représentant les éléments visuels d’un intérieur, d’une gare et d’un stade. Réduits à leurs seules qualités graphiques et sonores, hommes, lieux et objets recomposent le paysage d’une petite ville.

- Fragment, de Ni Keyun (2006 – 25’)

Reprenant à son compte la poétique de Jiangnan, Ni Keyun fait évoluer ses personnages dans des interstices de temps, d’espace et de sentiments.

- Water division, de Jin Shan (2007 – 7’)

Le pape échoue sur une plage de Chine...

- It’s gonna pop you idiot, de Huang Xiaopeng (2006 – 7’)

Deux enfants gonflent des ballons. A mesure que le plastique coloré se dilate et menace d’éclater, leurs visages s’imprègnent des émotions que provoque l’attente de l’explosion.

- Da shi dai, de Zhang Ding (2007 – 14’)

Les virées nocturnes et hippiques d’un jeune homme bien mis, à Shanghai.

- The moment of stone thinking, de Dong Wensheng (2007 – 27’)

Dong Wensheng met en scène la tentative de sauvetage d’une de ces roches érodées qui font partie intégrante d’un jardin traditionnel chinois.

- History of chemistry II, de Lu Chunsheng (2006 – 95’)

Lu Chunsheng met en scène des personnages occupés à reproduire un énigmatique drame industriel dans une ville déserte. Le conflit qui les oppose est traité d’une manière chorégraphique. Au sein d’un décor grandiose de gares et de parvis d’église vides, de jardins et de plaines fleuries, les actions des personnages semblent suspendues dans le temps et prennent une dimension quasi mythologique.

4) Sélection Animation :

- The new book of mountains and seas, de Qiu Anxiong

Première partie d’un diptyque hors-normes, ce film d’animation est une réinterprétation du grand classique intitulé « Le Livre des monts et des mers », recueil de légendes et de données géographiques de l’antiquité chinoise, transposé en images chargées de références à l’actualité.

 

Le calendrier des projections et manifestations est en format pdf : http://www.festivalshadows.info/FR/pdf/FestivalShadows08_Prog.pdf

 

(1) L’association Arsinica a été créée en 2003 pour promouvoir les échanges culturels entre la France et la Chine dans le domaine de la création contemporaine, mais ses principales activités sont tournées vers la diffusion du cinéma indépendant chinois en France et en Europe, le festival Shadows étant sa principale manifestation en Europe. Côté chinois, elle a aussi pour mission d’organiser des événements ponctuels : ce fut le cas en 2006 à Pékin avec « Visions de France », rétrospective du documentaire français. Elle s’est aussi dotée, en 2007, d’un pôle distribution : 14 MHz.

 



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